Langues Régionales Endogènes

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Concours de néologismes - Lès noûmots

Résultats concours des Noûmots 2018

Voici les 10 néologismes jugés les meilleurs en 2018:

 

  • ine Hope, une étape / escale

Proposé à la fois par Steven Servais de Malmedy, et un collectif composé de Joseph Bily, Michel Therer, Joël Thiry, Jacques Werner.

Variantes possibles du même type lexical en Wallonie :
 ine ope
(picard), ène ope (ouest-wallon), on-ope (centre-wallon), ine hope (est-wallon), ine hope (sud-wallon), ine hope (Gaumais).

 

Extension du sens initial de hope, saut. Le terme, dont la forme onomatopéique est compréhensible dans toutes les zones linguistiques, s’approche également de l’anglais stop, arrêt.

 

  • Cahossèdje, turbulence de vol

Proposé par la Copin’rèye di Libin.
Variantes possibles du même type lexical en Wallonie : ? (picard), in cawossâdje (ouest-wallon), on caossadje (centre-wallon), on cahossèdje (est-wallon), on cahossadje (sud-wallon), ? (Gaumais).

 

Terme construit à partir du verbe cahossî, secouer en tout sens.

 

  • Assûrance hape-foû, assurance rapatriement

Proposé par Claude Martin de Sprimont.

Variantes possibles du même type lexical en Wallonie : ? (picard), in-afranchissâdje satch-ôrs (ouest-wallon), one assûrance ape-foû (centre-wallon), Assûrance hape-foû  (est-wallon), one assûrance hape-foû (sud-wallon), ine assûrance hape-hoûrs (gaumais)

 

Construction par association de deux mots existants en une nouvelle unité lexicale. Nous avons proposé à l’auteur de l’associer directement au terme assûrance pour éviter toute confusion de sens.

 

  • Bodèts, bagages

proposé par Michèle Hélin, de Sivry-Rance et par le collectif de la Scole di Bîve.
Forme unique pour toute la Wallonie.

 

Élargissement du sens de bodèts qui désigne au départ un panier, une malle d’osier.

 

  • Bilèt va-èt-r’vint, billet aller-retour

Proposé par Jeannine Lemaître, de Liège et par Winand Goebels, de Herve.

 

Variantes possibles du même type lexical en Wallonie : ? (picard), in bîyèt du r’vén du r’va (ouest-wallon), on biyèt di r’va-di r’vint (centre-wallon), on bilèt va-èt-r’vint (est-wallon), on biyèt va-èt-r’vint (sud-wallon), in billet va èt r’vina? (gaumais)

 

Substantif simple composé des deux verbes aller et venir.

 

  • Djônotél, auberge de jeunesse

Proposé par Winand Goebels, de Herve

Variantes possibles du même type lexical en Wallonie : in djônôtèl (picard), in djon.nôtél (ouest-wallon), on djon.nôtél (centre-wallon), on djônotél (est-wallon), on djon.notél (sud-wallon), in djônôtél (gaumais)

 

Mot valise constitué de djône et de otél, facilement prononçable et aisé à comprendre.

 

  • Frîbotike, magasin tax free

Proposé par la table de conversation Escale d’Esneux

Variantes possibles du même type lexical en Wallonie : frîboutique (picard), on frîboutique (ouest-wallon), on frîbotique (centre-wallon), on frîbotike (est-wallon), on frîbotike (sud-wallon), in frîboutique (gaumais)

 

Ce terme forme un mot-valise assez surprenant puisqu’il transpose l’idée de « libre de taxe » dans le simple préfixe frî, emprunté directement de l’anglais, et apposé à botike, terme plus wallon pour magasin.

 

Et voici les trois premiers prix :

3e prix :

  • Voyèdje totèpayi – voyage all inclusive

Proposé par Dominique André, de Sprimont

 

Variantes possibles du même type lexical en Wallonie : voyâche toutèpayé (picard), vwèyadje toutèpayi (ouest-wallon), voyadje totèpayi (centre-wallon), voyèdje totèpayi (est-wallon), voyadje totèpayi (sud-wallon), voyadje totèpayi (gaumais)

Utilisation d’une image forte, où « tout est payé à l’avance ». Pour sa compréhension aisée en peu de syllabes, cette expression a été préférée à d’autres expressions valables comme tot d’vins, tout compris, tot-è-n-onk…

2e prix :

  • on Nêvedje - croisière

Proposé par Georges Ghys, de Liège

 

Formé à partir du terme nêvî, naviguer, terme moins usité aujourd’hui que l’expression aler so l’êwe.

 

Variantes possibles du même type lexical en Wallonie : ? (picard), ? (ouest-wallon), nêvadje (centre-wallon), nêvèdje (est-wallon), on nêvadje (sud-wallon), ? (gaumais)

 

1e prix ex-aequo :

  • Natacha, terme féminin - hôtesse de l'air

Proposé par Steven Servais, et le collectif composé de Joseph Bily, Michel Therer, Joël Thiry, Jacques Werner


Forme unique pour toute la Wallonie.


Directement inspirée de l’héroïne de François Walthéry et Roland Goossens, cette antonomase nous semblait être un parfait clin d’œil, totalement compréhensible des Wallons, même s’ils ne sont pas de grands fans de bande dessinée.


Pourquoi créer de nouveaux mots dans une langue régionale ?

Une langue, pour que son avenir soit assuré, doit être employée dans les secteurs où se joue l’avenir de la société.  Cela présuppose que son vocabulaire soit adapté à ces secteurs et s’enrichisse de nouveaux mots pour désigner des réalités nouvelles.

Les langues régionales de la Wallonie ne sont plus adaptées à certains domaines de la vie sociale et doivent emprunter de nombreux termes au français (ou à l’anglais).  Il est loin le temps où le français empruntait au wallon, par exemple dans le vocabulaire de la mine.

Comme toute langue, le wallon, le picard, le gaumais et le champenois disposent des ressources nécessaires pour s’adapter à la réalité contemporaine.  Mais il convient de créer, dans ces langues, des mots qui disent cette réalité.

 


Comment créer de nouveaux mots dans une langue régionale ?

1. Nouveaux mots et nouveaux sens1

La création de nouveaux mots dans une langue peut se faire de diverses manières. Schématiquement, on peut distinguer des néologismes de forme et des néologismes de sens.

Les néologismes de sens consistent à donner un sens nouveau à un mot existant. Au départ du nom féminin clignète qui signifie « clin d’œil », on peut proposer une nouvelle acception, comme « émoticône », en référence au clin d’œil représenté par l’émoticône. La forme du mot clignète n’est pas modifiée, mais sa signification est élargie. Un autre exemple est le nom djèrmon (djârmon, etc.) qui désigne initialement le « germe » (d’une plante), mais qui se voit doté d’un nouveau sens : « start-up ; jeune pousse ».

Les néologismes de forme sont des mots créés au départ de divers procédés formels. Parmi ceux-ci, les plus fréquemment utilisés sont les préfixations et les dérivations. Au départ d’un mot existant, on ajoute un préfixe ou un suffixe. Ainsi, à partir du nom mantche « manche », on peut créer le verbe dérivé amantchi (èmantchi, etc.), littéralement « em-manch-er ». Mais aussi amantcheûre (èmantcheûre, etc.), littéralement « em-manch-ure ».

Un autre mode de création consiste à associer deux mots existants en une nouvelle unité lexicale. Ainsi guigne-djins, littéralement « épie-gens », pour désigner des caméras de surveillance. Ou moute vôye (mousse vôye, mostère vôye, etc.), littéralement « montre-chemin » pour désigner le GPS. Le procédé peut aller jusqu’au mot-valise.

Certaines créations combinent plusieurs des procédés décrits ci-dessus. Par exemple, le nom zûna, pour désigner le buzz (fé do zûna). On part du verbe zûner « émettre un bourdonnement », auquel on ajoute le suffixe -a (néologie formelle) et on modifie le sens initial du verbe (néologie sémantique), qui s’applique alors au « bruit » créé sur les réseaux sociaux, dans les médias, etc. Ou encore le néologisme ègurnièdje « archivage électronique ». On part du nom gurnî « grenier », auquel on ajoute le préfixe è- (« en- ») et le suffixe –èdje (« -age », néologie formelle). Le néologisme ainsi créé, littéralement « en-grenier-age ») se distingue du sens initial du nom gurnî (néologie sémantique) et s’applique maintenant à l’archivage électronique des documents (lesquels, naguère, pouvaient trouver place au grenier – ou à la cave).

 

2. Emprunts

Un autre procédé très fréquent de création consiste à emprunter des mots, principalement au français, mais aussi aujourd’hui à l’anglais. Ces emprunts peuvent être quasi identiques à la forme de la langue source (gazète « gazette », ordinateûr « ordinateur », etc.) ou connaître une légère adaptation phonétique (tèlèvûzion « télévision », istwêre « histoire », etc.).

Cette forme d’enrichissement de la langue n’est pas celle que le concours « Noûmots » souhaite privilégier, parce qu’elle ne fait pas appel à des ressources propres de nos langues régionales.

 

3. Quelques suggestions pour la création néologique

Les néologismes doivent être conformes aux principes de composition de la langue choisie (wallon, picard, gaumais, champenois). Il convient en particulier

– de puiser dans l’inventaire des préfixes et suffixes disponibles ;

– de se conformer aux règles de prononciation existantes ;

– de respecter la morphologie de la langue.

Un néologisme réussit à s’imposer dans l’usage non seulement s’il respecte des critères formels, mais aussi lorsqu’il « parle » aux gens. Sa compréhension immédiate par un maximum de Wallons, quelle que soit la variété de langue parlée, est un atout. De même, la facilité de sa mémorisation, la suggestivité qu’il véhicule, l’humour qu’il communique, etc.


1 La quasi-totalité des exemples qui illustrent ce point ont été retenus par le jury parmi les meilleures créations du concours « Noûmots » de la Fête aux langues de Wallonie 2015.

 


Règlement

Article 1 – Le concours de néologismes – Noûmots est organisé par le Comité organisateur de la « Fête aux langues de Wallonie », avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.


Article 2 – Le concours est ouvert à toute personne soucieuse de faire vivre les langues régionales, sans restriction géographique ou linguistique. Le concours est ouvert aux participations individuelles ou aux groupes.


Article 3 – Les propositions collectives et individuelles ne feront pas l’objet de catégories séparées. Toutes les propositions seront envoyées anonymement. Les participations individuelles ne seront pas distinguées des participations collectives.


Article 4 – Chaque participant est invité à constituer une liste de minimum 5 (cinq) noûmots (néologismes). Il/elle peut proposer autant de noûmots qu’il le souhaite. Le thème retenu en 2018 est celui du voyage.


Article 5 – Une liste de suggestions est transmise à titre purement indicatif. Les propositions peuvent être faites à partir de cette liste, mais des néologismes qui ne seraient pas repris dans cette liste pourront également être retenus par le jury. Néanmoins, il appartient à chaque participant de vérifier que ses propositions ne recouvrent pas des termes déjà largement en vigueur chez les locuteurs wallons.


Article 6 – Chaque proposition doit être accompagnée d’un bref commentaire (entre 3 et 5 lignes) mettant en évidence la manière dont le noûmot a été formé et justifiant sa construction. Outre cette explication, un exemple, dans lequel le noûmot est placé au sein d’une phrase ou d’un court texte, est exigé.


Article 7 – Chaque candidat enverra ses propositions pour le 5 mai 2018 à 17h00 au plus tard, la date et l’heure du courriel d’envoi faisant foi, à l’adresse électronique suivante : <baptiste.frankinet@provincedeliege.be>. Les documents, joints en fichier attaché au courriel de candidature, le seront au format Word. Il convient de mentionner les coordonnées complètes des candidats dans le courrier électronique.


Article 8 – Les propositions seront examinées par un jury composé de spécialistes des langues régionales de la Wallonie. Les critères suivants guideront leurs appréciations : - Conformité de la forme du noûmot par rapport aux principes de composition de la langue choisie ;  - Atouts présentés par le noûmot quant à l’accueil de la forme par le public (compréhension par un maximum de Wallons, adaptabilité aux différentes formes régionales, facilité de mémorisation).
Le jury, qui travaillera collégialement et en toute indépendance, est seul compétent pour désigner le(s) lauréat(s). Ses décisions seront sans appel.


Article 9 – Les propositions lauréates seront proclamées le samedi 19 mai 2018 à Namur. Les six propositions jugées les meilleures par le jury recevront un prix de la valeur suivante : 150 € pour le premier prix, 100 € pour le second, 50 € pour les troisième, quatrième, cinquième et sixième propositions jugées les meilleures. En outre, une sélection parmi les noûmots retenus sera opérée et fera l’objet d’une publication par le CROMBEL.
 
Article 10 – En participant au concours, les candidats s’engagent à accepter sans réserve les clauses du présent règlement. Aucun recours fondé sur les conditions, le déroulement ou le résultat du concours ne pourra être admis.


Pour en savoir plus...

Une belle synthèse des questions liées à la création de mots nouveaux dans les langues régionales a été réalisée par Lucien MAHIN.  Vous la trouverez à l’adresse suivante :

http://berdelaedje.walon.org/viewtopic.php?p=4569

 


Suggestions de Noûmots à créer

agent (de voyage)

atterrir

auberge de jeunesse

bagages

billet aller-simple / billet aller-retour

bivouac

boutique détaxée

camping-car (ou mobil home)

carte d’embarquement

city-trip

croisière

destination

enregistrer (des bagages)

équipage (de cabine)

escale

guide touristique (type Michelin ou Routard)

hôtesse de l’air

location entre particuliers (type Air Bnb)

métro

passager

péage

pilote (d’avion)

retardé (vol)

séjour all inclusive

steward

tour de contrôle

visa

voucher